L'observation des sites avalancheux
L'enquête permanente sur les avalanches (EPA) est une opération de surveillance réalisée par des agents de l'ONF, sur environ
5 000 couloirs d'avalanche. Les observations effectuées alimentent une base de données informatisée qui constitue un précieux outil d'analyse de l'activité avalancheuse.
L'inventaire des zones exposées aux avalanches
Un inventaire cartographique des zones exposées aux avalanches a été entrepris à partir de 1970. Cet inventaire porte sur l'ensemble des massifs alpins et pyrénéens français, mais traite en priorité des zones proches des secteurs urbanisés et des domaines skiables.
Le cahier des charges a été proposé par le Cemagref et la méthodologie d'élaboration par l'Institut géographique national (IGN). Ces cartes de localisation des phénomènes avalancheux (CLPA) sont établies au 1 : 25 000. Elles présentent l'enveloppe maximum des avalanches passées identifi ées et les zones avalancheuses localisées par analyse des photographies aériennes.
La CLPA est un document strictement informatif, devenu indispensable pour la gestion du réseau routier, des domaines skiables ou l'étude des projets d'aménagements touristiques. Plus de 710 000 hectares ont ainsi été cartographiés.
Mais en matière d'avalanche, le meilleur moyen de prévention est d'éviter d'urbaniser les zones exposées. Face à ce constat, il faut agir sur la réduction de la vulnérabilité des enjeux, c'est-à-dire sur la limitation des éventuels dommages : on parle de mitigation.
La stabilisation du manteau neigeux
Pour stabiliser le manteau neigeux dans les zones d'accumulation, on a recourt soit à la construction d'ouvrages, soit à des plantations de résineux. Les ouvrages les plus utilisés sont les râteliers, les claies et les filets. Ils ont pour but de fixer le manteau neigeux, limitant ainsi les risques de rupture et donc de déclenchement de l'avalanche.
Le reboisement est une action de protection à long terme qui s'accompagne souvent de travaux de terrassement.
Dans des contextes particuliers, on utilise des ouvrages agissant sur le vent pour, par exemple, éviter la formation d'une corniche. Ces ouvrages assurent une protection permanente dans la mesure ou leur action stabilise le manteau neigeux tout au long de son accumulation et de sa fonte. Leur efficacité est variable en fonction de la qualité de la neige.
Le déclenchement préventif
Le déclenchement préventif des avalanches est largement utilisé pour la protection des domaines skiables et des routes. L'objectif de ces déclenchements est de provoquer de petites avalanches qui vont « purger » les zones de départ afin d'éviter l'accumulation d'une couche de neige importante pouvant produire une avalanche majeure.
Après chaque chute de neige, les pisteurs-artificiers provoquent des explosions dans les zones d'accumulations pour déstabiliser le manteau neigeux. Ils utilisent principalement des charges d'explosifs déposées à ski ou transportées par un câble survolant les zones de départ (Catex 1). Certains sites sont équipés de dispositifs fixes utilisant des gaz détonants (Gazex ® ou Avalex ®). Quelques déclenchements sont réalisés à l'aide de lanceurs pneumatiques (« avalancheur ») qui envoient une flèche explosive 2. Plus exceptionnellement, les charges sont déposées par hélicoptère, mais le coût est alors plus élevé.
Le déclenchement artificiel des avalanches est toujours réalisé selon un plan pré-établi, appelé plan d'intervention pour le déclenchement des avalanches, le PIDA. Il définit les procédures de déclenchement et de mise en sécurité des sites concernés
La maîtrise de l'urbanisation
La maîtrise de l'urbanisation et des aménagements est aujourd'hui assurée par le biais des plans de prévention des risques naturels, les PPR, institués par la loi du 2 février 1995. Ces documents définissent des zones d'interdiction et des zones de prescription, constructibles sous réserve. Les PPR peuvent imposer d'agir sur l'existant pour réduire la vulnérabilité des hommes et des biens. Les mesures de prescription ou d'interdiction sont transcrites dans les plans locaux d'urbanisme (PLU).
L'information préventive
La loi du 22 juillet 1987 a instauré le droit des citoyens à une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis sur tout ou partie du territoire, ainsi que sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. Cette partie de la loi a été reprise dans l'article L125.2 du Code de l'environnement.
Établi sous l'autorité du préfet, le dossier départemental des risques majeurs (DDRM) recense à l'échelle d'un département l'ensemble des risques majeurs par commune. Il explique les phénomènes et présente les mesures de sauvegarde. À partir du DDRM, le préfet porte à la connaissance du maire les risques dans la commune, au moyen de cartes au 1 : 25000 et décrit la nature des risques, les événements historiques, ainsi que les mesures d'Etat mises en place.
Le maire élabore un document d'information communal sur les risques majeurs (DICRIM). Ce document présente les mesures de prévention et les mesures spécifiques prises en vertu des pouvoirs de police du maire. Le DICRIM doit être accompagné d'une communication (au moins tous les deux ans si la commune est couverte par un PPR) et d'une campagne d'affichage. Ces deux documents sont disponibles en mairie.
Pour le risque d'avalanche, de nombreuses informations concernant l'aléa et les consignes à adopter en cas d'événement sont mises à la disposition du citoyen (site du ministère chargé de l'Environnement, mairie, services de l'État, stations de ski). L'accent est particulièrement mis sur les pratiquants de hors pistes, pour qui des campagnes spécifiques d'information sont réalisées, notamment par des associations comme l'Association nationale d'étude de la neige et des avalanches (www.anena.org).
Aujourd'hui, on distingue deux types de protection : les protections temporaires et les protections permanentes. Parmi les premières, il peut s'agir de dispositifs d'évacuation et d'interdiction, et parmi les secondes, on trouve les dispositifs d'arrêt ou de déviation des avalanches (protection passive).
Les mesures d'évacuation, de consignation ou d'interdiction
Dans des conditions exceptionnelles d'enneigement, des mesures d'évacuation ou d'interdiction peuvent être décidées par les maires ou les représentants de l'État. Des fermetures de routes peuvent également être décidées par les services compétents. En cas de risque d'avalanche sur le domaine skiable, les services des pistes des stations de sport d'hiver ferment les secteurs menacés. Dans certains sites spécifiques, les habitants peuvent être consignés dans des parties moins exposées des constructions.
Les dispositifs d'arrêt ou de déviation des avalanches
Pour arrêter ou dévier une avalanche, on implante dans la zone d'arrêt des digues, des déflecteurs ou des ouvrages freineurs. Les digues sont des obstacles destinés à stopper l'avalanche en fin de course. Il s'agit le plus souvent de remblais qui barrent la trajectoire de l'avalanche et contre lesquels elle vient buter. Les déflecteurs sont destinés à détourner l'avalanche des zones vulnérables. Ils peuvent être formés de remblais ou de murs disposés obliquement par rapport à la trajectoire de l'avalanche. Dans certains cas, des étraves sont destinées à scinder les avalanches à l'amont des zones à protéger. Les ouvrages freineurs agissent en ralentissant l'avalanche dans la zone d'arrêt. Les routes peuvent être protégées par des galeries paravalanches qui permettent le passage de l'avalanche sans gêner la circulation. Les paravalanches ne sont toutefois efficaces qu'une fois par saison. En effet, ils sont comblés dès la première avalanche et ne peuvent plus remplir leur rôle.
La protection individuelle
Au niveau individuel, il est indispensable pour les pratiquants de hors piste de se munir d'un équipement individuel de sécurité et de savoir l'utiliser. De même, toute sortie doit être envisagée par rapport à la condition physique et au niveau des participants, ainsi qu'aux conditions météorologiques et nivologiques. Un accompagnement par des professionnels de la montagne est fortement conseillé.
Au niveau communal, c'est le maire, détenteur des pouvoirs de police, qui a la charge d'assurer la sécurité de la population dans les conditions fixées par le code général des collectivités territoriales.
A cette fin, il prend les dispositions lui permettant de gérer la crise et peut, si nécessaire, faire appel au préfet représentant de l'Etat dans le département.
Le plan communal de sauvegarde détermine, en fonction des risques connus, les mesures immédiates de sauvegarde et de protection des personnes, fixe l'organisation nécessaire à la diffusion de l'alerte et des consignes de sécurité, recense les moyens disponibles et définit la mise en oeuvre des mesures d'accompagnement et de soutien de la population. Ce plan est obligatoire dans les communes dotées d'un PPR.
En cas de catastrophe concernant plusieurs communes, les plans de secours départementaux sont mis en application, conformément à la loi du 22 juillet 1987. La loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004 a réorganisé les plans de secours existants, selon le principe général que lorsque l'organisation des secours revêt une ampleur ou une nature particulière, elle fait l'objet dans chaque département d'un plan Orsec.
Le plan Orsec départemental, arrêté par le préfet, détermine, compte tenu des risques existants dans le département, l'organisation générale des secours et recense l'ensemble des moyens publics et privés susceptibles d'être mis en oeuvre. Il comprend des dispositions générales applicables en toutes circonstances et des dispositions propres à certains risques particuliers. Lorsque au moins deux départements d'une zone de défense sont concernés par une catastrophe ou que la mise en oeuvre de moyens dépassant le cadre départemental s'avère nécessaire, le plan Orsec de zone est mis en service. C'est le préfet qui déclenche la mise en application du plan Orsec et assure la direction des secours. Le Premier ministre peut placer le pilotage des opérations de secours sous la direction du représentant de l'État dans l'un de ces départements ou recourir au préfet de la zone de défense concernée.
Il existe une veille permanente assurée par des centres départementaux, inter-régionaux (ce sont les zones de défense) et national. Leur coordination est assurée par la direction de défense et de la sécurité civiles du ministère de l'Intérieur.
Dans les domaines skiables, la sécurité est gérée par un plan d'intervention pour le déclenchement des avalanches, un PIDA. Ce plan prévoit les zones d'intervention concernées par le déclenchement préventif au sein du domaine, ainsi que dans les zones situées à sa proximité susceptibles d'être fréquentées par des skieurs. Le PIDA détaille les procédures à suivre par les pisteurs-artificiers pour les opérations de déclenchement, localise les points précis et rappelle les consignes de sécurité pour les usagers.
Dans les domaines skiables, les secours sont effectués par les pisteurs- secouristes du service des pistes. En montagne, les gendarmes ou les CRS sont chargés du secours et peuvent être aidés par des guides et des volontaires des sociétés locales de secours. Ces équipes disposent toujours d'équipes cynophiles (maîtres chiens et chiens d'avalanches). De plus en plus, les secours sont médicalisés, pour optimiser les chances de survie des accidentés.